Un détour, sans doute une bonne chose.

Le jour arrivait à son milieu, quand Lukas quitta la Garde, fatigué d'attendre des gens qui ne se montreraient apparemment jamais. Les rumeurs sur la "fantastique" amabilité des soldats de la Garde semblaient décidément bien fondées. Quelle perte de temps, il n'avait même pas pu parler à quelqu'un, quel qu'il soit. Il sortit du bâtiment, regarda aux alentours, se posa sur la terre ferme et entreprit de visiter la ville à la recherche de quelque chose d'intéressant à faire, sortant des pièces ou des bouquets de fleurs de ses manches et les offrants aux badauds émerveillés qui passaient devant lui. Il récolta lui-même quelques pièces gracieusement offertes par quelques nobliaux amusés. Il eu aussi le loisir de rosser des petits brigands s'en étant pris à une marchande de fromage. Il n'eu même pas besoin de forcer sur ses coups de pieds pour faire déguerpir ces malandrins. La marchande le remercia d'un baiser ainsi que d'une tome fraichement livrée de la ferme. Cette dernière fut à son tour offerte à un mendiant affamé. Il loua le Seigneur d'avoir mis Lulas sur son chemin et repartit en claudicant vers une sombre ruelle. Lukas s'amusait beaucoup dans cette ville chaleureuse. Il le va la tête et aperçu le fameux château d'Elladat. Une idée germa dans son esprit...

Lukas avait finalement abandonnée son idée de postuler à la Garde. Du peu qu'il en avait vu, l'ambiance ne lui avait guère plu. Il se doutait même que les grands pontes de la Garde l'avaient sciemment évité lors de sa venue. Une telle affaire lui paraissait peu probable, mais plausible. Enfin bon, il ne fallait pas qu'il sombre dans la paranoïa, tout de même. Il se dirigeait donc vers le bureau du directeur du château d'Elladat, école magique hautement réputée. Apparemment, le directeur était une directrice. Qu'il ne fallait pas trop énerver disait-on sous peine de se voir emporter par les méandres zéphyriens. En effet, la charmante directrice au regard foudroyant possédait des pouvoirs de Lind. Lukas sentait que le courant passerait bien entre eux. Du moins il l'espérait.

Il arriva près de la lourde porte, ses bottes en cuir renforcées d'acier cliquetant sur le sol en pierre à chacun de ses pas, accompagnés d'un choc sourd produit par sa canne. Il éteint sa cigarette puis la fit disparaitre dans sa paume de main, porta le pommeau tête de mort de sa canne contre la lourde porte de bois, puis frappa de quelques coups, non sans rappeler les coups de bâtons avant une pièce de théâtre. Il se dit en lui-même: "Que les spectacle commence!" et arbora son meilleur sourire; prévoyant quelques tours pour impressionner son futur employeur.

Lukas, avait beau frapper les coups les plus théatrals soient-ils, la directrice n'était pas dans son bureau. Parce que, contrairement à ce que tous ceux qui se relayaient à la porte de son bureau, non elle n'était pas une hôtesse d'accueil et ne vivait pas à l'intérieur de ses quatres petits murs renfermés. Directrice et professeur, pas secrétaire! Et elle ne vivait pas que pour son boulot... Enfin. Si elle ne vivait que pour son boulot depuis la création d'Elladat et ça la mettait en rage. Ce n'était quand même pas possible de vivre une telle vie...

Cette dernière indication vous a donc informé que non, Lyre ne rentrait pas de la taverne, ni d'une visite chez un ami ou un amant. On parle de Lyre de Vertus quand même, il ne fallait pas croire n'importe quoi. Ainsi, Lyre revenait d'une simple promenade dans les ruelles de la ville lorsqu'elle aperçut qu'un individu inconnu attendait devant sa porte. Elle ignorait depuis combien de temps il pouvait bien patienter, aussi elle força tout ce qu'elle avait de savoir-vivre à accélérer sa traversée du couloir.

«Monsieur? »

Héla-t-elle, en espérant qu'agacé d'avoir trouvé porte close, il s'en aille. Non. En n'espérant qu'il n'était pas assez agacé par son absence pour s'en aller de suite. Cette pensée était bien mieux que la précédente qui dénotait d'un léger laisser-aller. Il ne serait pas dit que porter l'école à bout de bras commençait à lui peser.

Lyre afficha un sourire poli et courtois sur son visage et s'approcha de l'homme à grand pas. Maintenant qu'elle était plus proche de lui elle pouvait mieux le voir: habillé élégamment de sombre et frappant à l'os de sa porte grâce à une canne que la jeune femme pouvait facilement qualifier de mauvais goût. Elle s'arrêta près de lui, posant sa main sur la porte pour ouvrir celle-ci sans bruit.

«-Je présume que vous voulez voir la directrice? »

Pitié dîtes moi que non...

Lukas se tourna légèrement en direction de la personne qui venait de l'appeler; c'était une belle jeune femme énergique qui se dirigeait vers lui à grands pas. Il cru dénoter une certaine lassitude dans sa voix, mais il mis cela sur le compte de l'essoufflement. Il reposa au sol sa splendide canne, unique en son genre, et en caressa le pommeau comme un tic. Elle posa la main sur la porte et l'ouvrit sans bruit, accompagnant son geste d'une question pertinente. Lukas ne savait pas quoi répondre, oui il venait voir la directrice, mais ce quand à ce qu'il avait à lui dire, il n'en savait fichtrement rien. Il décida de se montrer aussi aimable et courtois que la présente jeune femme, et arbora un sourire charmeur. Il en profita pour sortir d'une de ses manches un splendide bouquet de roses blanches qu'il lui présenta dans le même élan.

"Je me prénomme Lukas Dreamslock, Magicien Illusionniste pour vous servir ma chère. Il est vrai que j'aimerais m'entretenir avec la Directrice de cette école, si cela évidemment ne la dérange pas."

Lukas termina par un baise-main distingué, puis fit souffler un léger courant d'air dans les cheveux de son interlocutrice, se redressa et recula d'un pas pour lui laisser le passage. Ses bottes renforcées cliquetèrent contre le sol. Il regarda intensément la jeune femme, ses yeux bleus pétillaient de malice, il se demandait quel tour pourrait-il effectuer pour l'impressionner, il y avait tellement de possibilités.

"Je n'ai pas encore eu le plaisir d'apprendre votre nom ma Dame, pourriez-vous me faire l'honneur de me l'énoncer? S'il est à l'instar de votre personne, il doit être magnifique."

Il hésita à lui proposer une cigarette, conscient que beaucoup de gens voyaient ces petits tubes bourrés de tabac d'un œil encore plus réprobateur que le pire des voyous du quartier...

Lyre avait décidé de passer outre le sourire charmeur que l'homme lui avait adressé avec assurance – la majorité de ses visiteurs utilisait cette idée ou étaient plus classique et défonçaient la porte. Aucune des deux solutions ne les avantageants. - lorsque son choix fut quelque peu...altéré par un bouquet de fleur qu'on lui tendait sans préavis. Lyre haussa les sourcils, surprise en fixant les fleurs et sans savoir que faire. Elle fut néanmoins sortie de son embarras par la prise de parole de son interlocuteur. Le regard de l'Anshog se porta à nouveau sur le visage de Lukas dans le même temps que son attention s'amenait sur ses paroles.

Ainsi il s'agissait d'un magicien illusionniste ? Lyre connaissait plus ou moins cette magie pour avoir cotoyé un mage qui s'était perfectionner dans cet art mais... c'était assez éloigné de la magie élémentaliste étudié à Elladat pour qu'elle se pose la question de ce qu'il pouvait bien lui vouloir. Si cela ne la dérange pas... Tiens, il y avait encore des gens demandaient l'autorisation pour venir la voir? Pour un peu elle aurait sauté sur l'occasion pour avoir le droit de le laisser à la porte... Mais cela ne se faisait évidemment pas envers quelqu'un qui a, jusqu'à présent, été gentil et poli... et qui vient de vous faire un baise-main.

Lyre résista à l'envie de lui rendre son souffle au centuple pour lui signifiquer qui elle était lorsque Lukas lui demanda son nom. Ce n'aurait été ni gentil, ni très miséricordieux. L'anshog rassembla donc tout le self-controle qu'elle possédait et se contenta de refermer magiquement la porte derrière eux. Une fois cela fait elle alla s'appuyer contre le rebord de sa fenêtre, y posant la moitié de ses fesses et livra un sourire qui se voulait serviable en réponse au regard malicieux de l'illusionniste. On garde le contrôle de ses nerfs.

«-Je suis Lyre de Vertus. »

Maintenant, la vraie question était de savoir si oui ou non il connaissait l'identité de la directrice... Foi de Lind, s'il ne la connaissait pas, elle le faisait sortir par la fenêtre! Personne ne saurait jamais que c'était la froide directrice d'Elladat qui avait fait ça et elle, elle aurait la paix. Non mais ho.

Ils entrèrent tous deux dans le bureau qui s'avérait être... vide; la directrice devait surement être absente ou attendre dans une autre pièce. La jeune femme alla se poser contre la fenêtre et souri à Lukas. Ce dernier cherchait à se souvenir du nom de la directrice, il le savait mais une tache noire persistait à cacher ce nom dans son esprit. Il savait que son prénom était en rapport avec un instrument de musique... Mais les instruments lui venant en tête n'avaient rien d'un prénom. Il se retournait les méninges sans se départir de son sourire charmeur quant la jeune femme annonça son nom. Cette information lui parvint comme un piment que l'on croque: indifférent, puis un choc brutal et brulant. Il venait de faire du charme à la directrice en personne!! Cela allait à l'encontre de sa conception de la hiérarchie, mais alors au plus haut point.

Il essaya de parler, histoire d'excuser son impertinence, mais ce qui sortit de sa gorge ne fut qu'un son aigu étranglé, étrange mélange d'étonnement et d'empressement. Il se racla la gorge, baissa la tête et la releva: son air avait changé, il s'adressait désormais à un supérieur hiérarchique. Son passé en tant que soldat-garde lui avait laissé ce quelque chose d'attitude de garde-à-vous instinctif. Et en effet, ses talons vinrent s'entrechoquer en un choc métallique et il dut se retenir pour ne pas lever son bras à sa tête en guise de salut. Il reparti d'une voix toujours aussi chaude mais plus officielle:

"- Je vous prie d'excuser mes manières si peu adaptées à une Dame de votre rang. Je ne savais pas que vous étiez la Directrice... Je suis assez embarrassé maintenant. J'espère que mon outrecuidance ne vous a pas dérangé. Aussi, j'irais droit au but.
- Je me nomme réellement Lu-K'aas Edirel ancien Lieutenant de Milice d'une contrée proche d'ici. Mon nom de scène est Lukas Dreamslock, je suis aussi Magicien Illusionniste. Mon nom elfique n'a que peu lieu d'être retenu, aussi mon nom de scène me convient parfaitement.
- Je voulais rejoindre la Garde, mais ils ne voudront certainement pas d'un Illusionniste, comme me l'a fait sentir leur absence d'accueil. La région d'où je viens n'a plus de problème, mon poste est devenu obsolète, inutile. Je suis donc à la recherche d'un travail. Je maitrise un peu chaque élément, et je suis apte à me battre."

Lukas montra les renforts a ses bottes et dégaina un instant sa canne épée au pommeau que certain trouvaient parfois de gout douteux. Il enchaina tel un rapport bien ficelé:

"Mes talents d'Illusionnistes m'octroient une polyvalence certaine dans divers postes. Si vous avez besoin d'une personne de confiance qui puisse vous seconder pour certaines taches, je peux garder la porte principale de l'école, ou bien faire des rondes, ou encore si vous avez besoin de mes services je peux assurer une présence quand vous devez vous absenter."

Lukas clos son temps de parole, ayant énoncé ce qu'il avait principalement à dire. Il attendait maintenant une réponse, droit comme un i.

Si l'on était honnête, il fallait bien avouer que Lyre savourait avec une presque une pointe de sadisme, la disparition du sourire charmeur de l'illusionniste au profit d'une confusion qui se conclut dans un son absolument ai gu et désagréable. Lyre grimaça, frottant un court instant ses oreilles pour faire passer le son de l'illusionniste mourant de honte.

«-Si c'était pour faire ce son, franchement, je vous préférais avant », râla-t-elle a mi-voix.

En plus il avait interrompu sa poussée de sadisme! Oui, oui on a les passe-temps que l'on peut... La grimace de la directrice se transforma en sourire amusé quand Lukas claqua des talons et et se mit au garde de vous. Etrange et amusant personnage... Quelque peu ridicule dans l'instant, mais amusant. Il était d'autant plus cocasse qu'il ne se rendait pas le moins du monde compte à quel point il s'embourbait en s'excusant. Et Lyre n'était pas sûre que le léger haussement de son sourcil gauche lui fasse prendre conscience de ce qu'elle pensait de son discours. Cette remarque provoqua un discret sourire en coin chez l'Anshog. Lorsque le long discours de Lukas fut finis elle reprit la parole.

« Dois-je comprendre que je ne dois votre civilité qu'à ce bureau et à mon nom ? Qu'une Dame sans aucun rang ne vaut pas grand chose à vos yeux ? Vous êtes bien étrange de qualifier une attitude qui vous est naturelle d'outrecuidante. Enfin.»

Elle secoua la tête d'un air distrait et entra dans le vif du sujet.

« Monsieur Dreamslock, vous connaissez mon nom et la Garde, j'ose donc croire que vous avez conscience des rapports qui ont cours entre ma personne, l'institution d'Elladat et celle de la Garde. Des rapports qui sont peut-être pacifistes mais qui ne sont pas véritablement au beau fixe. Et vous, vous parvenez à vous présenter dans la même foulée chez eux et dans mon bureau ? Vous êtes soit stupide, soit d'une audace sans commune mesure. Je préférerais penser à la deuxième solution, mais puisque vous avez pensé à vous faire engager à la Garde malgré votre nature de mage ....»

Elle haussa des épaules, sans cesser de sourire à l'illusionniste avant de continuer d'un ton égal.

« Il y a une faille dans votre projet, monsieur Dreamslock. Vous parlez d'une personne de confiance, alors que je viens d'apprendre votre nom. Il n'y a pas comme un certain paradoxe ? »

Lukas venait de prendre le retour de bâton: il avait fait mauvaise impression et il se douta que la directrice se délectait de ses bourdes. Il se devait de prendre une décision, et la bonne: il décida de clarifier certains points, tout en sachant que ça risquait de le mettre en fâcheuse posture. Il avait du mal quand la vie était réelle, il ne se débrouillait bien que lors de ses tours, baigné par le monde de l'illusion. Bref, qu'il en soit ainsi.

"Chère Directrice, Que Le Spectacle Commence", annonça t-il avec un sourire malicieux. Il venait de remettre son masque d'Illusionniste, et il devait, non il allait se surpasser.

Un flash peu violent éclata à sa place, suivi d'une fumée bleutée: il se tenait maintenant à la droite de la directrice.
"Je charme absolument toutes les dames, mais l'on m'a enseigné le respect de la hiérarchie, et cela se place avant le charme, pour une première rencontre."

Nouveau flash, une fumée verte pomme cette fois-ci, de retour en face.
"Si vous ne l'avez pas encore compris, je suis à la recherche d'un travail, n'importe lequel tant que je peux aider la justice et faire quelques tours de magie. Aussi je n'ai absolument aucune idée de vos rapports avec la Garde, je viens d'une petite province éloignée, avant tout."

Encore un flash, accompagné d'une pluie de pétales de fleurs, il se trouvait désormais à gauche.
"En ce qui concerne la confiance, sachez que je ne trahit jamais une Dame, peu importe sa condition sociale, religieuse ou politique si jamais vous y veniez."

Dernier flash, retour à sa place initiale, deux colombes sur ses bras. Tout badaud aurait été incapable de dire s'il y avait trucage ou magie, mais l'œil d'un mage expérimenté aurait affirmé que tout n'était que tours de passe-passe: les flashs étaient créés par un subtil mélange de poudre et de quartz; la fumée, un mélange de poudre et de colorant; les pétales venaient du même endroit que là d'où il tirait les bouquets; et les colombes sont les meilleures amies des magiciens. À la rigueur restaient les déplacements rapides: efficace combinaison de Lind pour la vitesse et de Wethil pour la discrétion. La Magie des Illusions était sans nul doute plus complexe que la Magie des Éléments.

Lukas arborait le fameux sourire du magicien, aussi énigmatique que tendre puis il lança une phrase tout aussi impénétrable et aux mille sens divers:
"Mon œuvre est pleine de failles ma Dame. Je n'aurais de cesse avant de parvenir à la perfection."

Lyre s'attendait à beaucoup de chose mais pas au sourire espiègle qu'il lui fut donné. Ni de l'attitude soudainement théâtrale de son visiteur. Elle se morigéna intérieurement : elle aurait du apprendre depuis bien longtemps qu'à l'intérieur d'Elladat, plus rien ne devait la suprendre et qu'il fallait bien qu'elle devait être prête à tout ce qu'un esprit pouvait imaginer. A partir du moment où Lukas commença à se déplacer autour d'elle grâce à des flashs enfumés, elle se contenta d'observer sans tout de suite réfléchir.

L'anshog maintint un masque impassible pendant tout le spectacle de Lukas, se contentant de le suivre du regard avec une attention soutenue. A force d'apparaître et de disparaître tout autour d'elle, il allait bientôt finir par lui donner le tournis, s'il accélérait le mouvement . Observer à la fois avec les yeux d'un spectateur ordinaire pour percevoir les effets que Lukas pouvait provoquer, et à la fois avec ses yeux de mage expérimentée pour comprendre comment il faisait et ainsi décrypter sa magie et son potentiel. Bien que cela ôtait évidemment tout l'attrait merveilleux et illusoire du spectacle. Voire enlevait l'interêt du spectacle lui-même.

Elle ôta un pétale de fleur qui s'était posée sur son bras, jouant distraitement avec en la froissant entre ses doigts. Elle planta son regard félin dans les yeux de l'illusionniste, les siens aussi impénétrables que les paroles du magicien. Ses prunelles finirent par s'adoucir en réponse au sourire de Lukas.

«- Donc je dois me méfier de vous et garder une certaine retenue lors de notre seconde entrevue. Si nous en avons une, du moins. »

Elle ferma douloureusement les paupières et resta immobile un instant avant de soupirer.

«- Par pitié, ne me jurez pas la moindre fidélité, je suis bien incapable de vous croire. De toute manière, ce n'est pas moi que vous êtes censé ne pas trahir mais la confiance que je pourrais placer en vous et surtout l'école et les idéaux d'Elladat. Je ne serais pas contre vous confier un poste, au contraire, je suis plutôt en manque de personnel. Mais je ne peux que vous offrir des postes dans lesquels je dois avoir confiance en la personne. Je ne doute pas que vous soyez ravi et enthousiaste pour ces postes. Mais moi je doute de pouvoir vous faire confiance, bien que je n'aie encore rien à vous reprocher. »

Notez que c'était la pure vérité. Elle était submergée de travail mais aussi de craintes. La dernière fois qu'elle avait fait confiance à un inconnu, cela avait failli faire perdre la vie ou l'âme à une élève. Elle ne se pardonnait pas son excès de confiance, que ce soit en Burningblood ou en elle-même.

«- En outre, les finances d'Elladat ne sont pas véritablement luxueuses... Vous cherchez un poste car vous avez d'argent je suppose? Je ne peux que vous proposer un toit et un couvert. »

Apparemment le spectacle n'avait pas l'air de réjouir ou d'amuser la directrice... Lukas se senti touché dans sa fierté et cela le défrisait au plus haut point. Il ne porta que peu d'attention au discours sur la confiance qui suivit mais retint parfaitement celui niveau rémunérations. Il s'insurgea aussitôt:

"Sachez Ma Dame que l'argent vil n'est en aucun cas ma principale motivation! Je suis un artiste, je recherche avant tout un public, des gens à impressionner. J'offre du rêve au commun des mortels. Je vois que cela ne vous touche pas, et cela me chagrine. Voir une si belle femme si impassible... Même avec un poste tel que le votre, vous devriez vous relâcher de temps en temps!"

Lukas bouillonnait, la directrice avait tiré ses flèches sur sa fierté, son honneur et ses talents de magicien. Elle l'avait fait certainement inconsciemment, mais cela ne lui effleurait pas l'esprit. Il frappa le sol de sa canne, provoquant un choc sourd. Des flammes violettes dansaient dans ses yeux bleus. Il inspira par deux fois, puis refroidi ses ardeurs. En présence d'une Dame, il savait toujours bien se tenir.

"Et bien soit. J'installerai donc mes affaires en ville, au détour d'un marché. Si jamais le cœur vous en dit, mes spectacles sont ouverts à tous et à tous moments. Je vous propose aussi une invitation à diner, mais j'ai l'impression qu'un homme ne saurait survivre très longtemps à vos côtés. Ma Dame, avec tout le respect qui vous est du, je vous souhaite une bonne journée."

Lukas claqua des doigts, laissant tomber d'on ne sait où un bouquet de tulipes violettes sur le bureau de Lyre. Il lui lança un dernier regard tout charmeur qu'il était avant de sauter élégamment par une fenêtre proche avec un signe de tête. Il se laissa tomber sur quelques mètres, avant de descendre un escalier invisible créé par sa maitrise du Lind, direction le
centre-ville.

» Le Magicien et le Major. Sans Moustache.