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 Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !

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Indil Erelda
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Indil Erelda


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MessageSujet: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyVen 23 Avr - 21:06

Le tremblement présent dans la voix de la major ravit Indil. Avant qu'elle ne tente de réfléchir à ce qui avait sucité une émotion chez Neio, à quelle corde sensible elle devrait piétiner dans le futur pour s'amuser un peu des sentiments de Neio, le terme « ville » s'associa enfin au concept «ville », coupant court à son esquisse de cogitation.
Ville ! Chouette ! Chouette !
Elle se dandina sur la selle, toute frétillante. La ville c'était animé, vivant, et elle connaisait une bonne partie de la population masculine âgée de dix-sept à cinquante ans. Sans compter les centenaires millésimés qui ne faisaient pas leur âge. Elle aimait la nature, parce qu'elle la faisait se sentir bien, libre, heureuse et féline, mais la ville permettait de heurter cette liberté à des égos parfois...agréablement dimensionnés. Indil souffla doucement à sa garde du corps:


«-On va où ? C'est où ta maison ? Elle est encore loin ? »

Invisible au yeux de la jeune fille, elle saluait alors discrètement les nombreux visages connus. Sans qu'elle connaisse tout le monde profondément, les habitants de Kalinach avaient pris l'habitude de la voir traîner un peu partout, à moitié nue et sauvage, immanquable dans chaque taverne. Un sourire à l'un, un hochement de tête à l'autre. Une langue malicieusement dégainée à droite, une main enfantine agitée à gauche, un clin d'oeil suggestif droit devant. Les visages connus lui jetaient des regards en coin, surpris de la voir là. Ceux qui l'avaient rencontrée, d'une manière ou d'une autre, chacun d'eux avait déjà penser à la voir un jour accompagné d'un soldat de la Garde – ici, d'une soldate, mais extérieurement, il n'y avait aucune différence - . Mais il ne pensaient la voir ainsi que parce qu'elle aurait un soldat accroché à chaque bras, les deux tentant de la traîner de force jusqu'à l'ambasssade et ses cachots, alors qu'elle freînerait des deux pieds nus, sous ses insultes, cris, griffures et morsures. Indil ne pouvait qu'avoir affaire et non à faire, aux cachots de la Garde, c'était de la logique pure. Cela ne pouvait pas ne pas être.

Pourtant présentement, Indil ne semblait pas particulièrement ni contrainte ni violentée, mais plutôt bien à son aise dans les bras de la major. Elle était certaine que des choses amusantes allaient arrivées.
Lorsque le corps de l'ambassade apparut à l'autre bout de la rue dans laquelle elles s'étaient engagées, la rousse gloussa irrésistiblement. L'ambiance autour d'elles changeaient insensiblement: les gens bien habillés ou bien armés se faisaient plus nombreux, le dos plus droit. Cette rue était l'une d'elle où se trouvait le moins de va-nu-pieds, de personnes recueillies dans l'enceinte de Kalinach. Les hommes plus musclés et l'air moins amènes. Les gens la regardaient avec mépris et Neio avec respect et estime. Peur aussi. Elle, elle n'était rien, mais c'était le moindre de ses soucis, si elle en avait. La Garde... Là où elle n'aurait pas du tout du mettre les pieds... Mais le métal a pattes semblait si amusant ! Elle gloussa à nouveau, se balançant d'avant en arrière, effleurant à chaque fois le torse de la major. Indil posa une main sur ses lèvres, les yeux brillants. De l'autre elle aggrippa la main de Neio emprisonnant les rênes.


«- Les soldats dont on parlait! »

Cela devenait intéressant.
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Kaeshi Neio
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Kaeshi Neio


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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyLun 26 Avr - 19:01

A présent qu’elles avaient franchi les portes de la ville, Neio recomposa peu à peu sa contenance. Indil était une créature surprenante mais le major n’allait plus se laisser avoir. Dans la forêt, l’apparence vulnérable de la jeune fille l’avait prise de court, mais Neio savait maintenant à quoi s’attendre, et la silhouette familière de l’Ambassade qui se profilait derrière les rangées de bâtiments regonflait son assurance.

« Arrête de bouger, ordonna-t-elle à sa passagère qui semblait ne pas l’entendre. Tu vas finir par tomber. »

Elle sentait le regard des gens concentré sur l’étrange équipe qu’elle formait avec Indil. Une sauvageonne débraillée et un soldat loyal de la Garde sur le même cheval, aussi semblables que le jour et la nuit. Elle n’en avait cure, car elle s’était habituée depuis son enfance à laisser glisser les jugements des inconnus sur sa personne, mais elle se mit à se poser des questions quant à la réaction d’Indil à tous ces regards. Pas une once de peur ou d’animosité, bien au contraire, elle semblait connaître ceux qui la fixaient – et c’était d’ailleurs là la raison probable de tant d’attention consacrée aux deux jeunes filles. Mais alors…

« Vous ! commanda-t-elle à un passant d’âge mûr qui avait posé un œil un peu trop appuyé sur sa passagère. Ne bougez plus ! »

L’homme s’exécuta, mais plus par panique que par obéissance. Il était maintenant tourné vers Neio, une lueur affolée dans le regard. Le major, impassible, mit pied à terre et s’approcha de l’homme qui semblait chercher une porte de sortie.

« Vous connaissez cette jeune fille, dit Neio. Seriez-vous assez aimable pour m’indiquer l’endroit où elle habite ?
- Vous faites erreur
, couina l’homme. Je ne l’ai jamais vue. C’est sûrement une gamine des rues. »

Le major fronça légèrement les sourcils et se retourna vers Indil, qui continuait à tourner la tête en tous sens et ne semblait pas avoir remarqué que Flèche s’était arrêté. Les passants tout autour, voyant que l’un d’entre eux avait été harponné par Neio, avaient commencé à se disperser en tentant – sans succès – d’arborer un air naturel. Quand Neio voulut continuer à interroger l’homme, elle constata qu’il avait déjà décampé sans demander son reste. Indil était décidément enveloppée de mystère… Le major remonta en selle, décidant de remettre la question à plus tard.

« Voilà où j’habite », dit Neio quand elles tournèrent dans la rue de l’Ambassade.

Elle posa son autre main sur celle d’Indil qui avait elle-même agrippé la main tenant les rênes et serra doucement pour attirer, ne fût-ce qu’une seconde, l’attention de la sauvageonne.


« Je ne veux pas que tu ailles parler aux soldats, dit-elle. Nous sommes là pour retrouver d’où tu viens, pas pour que tu te fasses des amis au sein de la Garde. C’est moi qui vais m’occuper de toi. »

Enfin, elle mena Flèche jusque dans les écuries de la tour et descendit de cheval. Elle prit un instant pour étirer ses membres endoloris, puis se retourna vers Indil et lui tendit la main pour l’aider à mettre pied à terre.
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Indil Erelda
Wethil
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyMer 19 Mai - 21:36

Jusqu'alors, Indil s'était beaucoup trop amusée pour entendre quoi que ce soit des bêtises qu'aurait bien pu lui raconter Neio, elle y était totalement imperméable, dans son monde. A peine avait-elle senti la jeune femme descendre de cheval puis remonter. Ce n'était d'ailleurs pas très gentil de s'en aller comme ça, est-ce qu'elle puait à ce point ? Est-ce que le cheval donnait la nausée à la major qu'elle doive vomir en cours de route ? Cela ne devait pas être drôle alors de voyager à longueur de temps à dos de bestiole, si ça donnait des maux d'estomacs ! Et puis, vomir dans du métal... Ça devait mariner, mais à un point !

Ce ne fut que lorsque Neio posa doucement sa main sur la sienne pour venir la presser qu'Indil se rappella enfin de la présence de la militaire. Une ébauche de sourire tendre se forma sur ses lèvres, mais qui dégénéra en moue boudeuse lorsqu'elle su pourquoi Neio s'adressait à elle. Mon dieu ! Qu'est-ce que c'était d'un ennui ! Et Indil refusait de s'ennuyer ! Pourquoi est-ce qu'elle ne pouvait pas parler aux soldats, hein ? Ils n'étaient pas méchants et ils la distrayaient efficacement, eux, au moins ! Et puis la vie sans amis, c'était triste.... Indil lui lança le regard le plus suppliant et le plus attendrissant de toute sa panoplie :


«- Mais... Les amis...C'est bien ! Et puis, toute seule, je vais m'ennuyer et être malheureuse... »

Elle baissa brièvement la tête, contemplant la crinière de Flèche qu'elle triturait pensivement de sa main libre. La rousse releva presque aussitôt la tête pour river son regard dans celui de la soldate, d'un air victorieux, très fière d'elle et de l'illumination qui venait de lui venir à l'esprit.

« -Oh ! Tu veux me garder rien que pour toi ! C'est trop joliii ! »


Ebahissement de gamine devant une soldate qui, selon elle, découvrait les sentiments. Indil leva sa main libre pour agiter son doigt devant le nez de Neio, soucieuse de mettre les choses au clair.

«- Mais attention, hein ! Je n'aime pas les gens possessifs ! »


Indil se laisse néanmoins guider avec indulgence jusqu'aux écuries. Là, elle se pencha pour déposer un baise sur l'encolure du Flèche, avant de se tourner vers Neio, un grand sourire ravi aux lèvres. Sans hésiter, elle lui prit la main et sauta d'emblée à terre, avec l'aisance d'un félin. Et tomber malencontreusement dans les bras de la soldate, se pendant à son cou. Et Indil de lui coller sur le champ un baiser baveux sur la joue, profitant de sa presque chute de cheval.

« - Oups! »

La rousse se redressa enfin, sans détacher de son propre chef ses bras de Neio, observant autour d'elle avec curiosité. Puisqu'elles étaient descendues de monture, elles devaient être arrivées chez Neio. Indil se demandait bien comment la soldate pouvait bien vivre, est-ce qu'elle dormait ?

«- C'est chez toi ici ? Whao! Tu as plein de chevaux ! Mais pourquoi ils sont tous attachés, d'un air tout triste ? Tu as une chambre ? »

Indil prit un air fâché, et s'écarta de Neio, prête à aller détacher sur le champ toutes les bêtes parquées ici.
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Kaeshi Neio
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyMer 26 Mai - 20:51

Respirer et rester calme, voilà la clé pour s’occuper d’Indil. Surtout, ne pas se laisser surprendre par ses fantaisies, et tenter de lui faire entendre un peu de raison comme on le ferait avec un enfant.

« Oui, Indil, il est bon d’avoir des amis auxquels on peut faire confiance… »

… enfin, il paraît…

« … mais les soldats de la Garde n’ont pas le temps pour ça. Ils mènent une lutte permanente et… »

… elle ne l’écoutait pas. Indil avait atteint toute seule, comme une grande, sa propre conclusion : elle s’imaginait que Neio était jalouse, un sentiment que le major n’avait pourtant jamais rencontré. Neio hésita un moment sur la conduite à tenir. Devait-elle aller dans le sens de la jeune fille aux cheveux roux pour réduire la difficulté de la tâche, quitte à lui mentir, ou bien persévérer à lui faire comprendre qu’elle faisait fausse route ? Le devoir de Neio lui commandait de choisir la seconde option, mais comme elle n’arrivait à rien, la première était de plus en plus tentante.

Mais la question ne se posait même plus. En descendant de cheval, Indil scella sa déclaration d’un baiser sur la joue.

Neio se figea face à cette invasion de son espace vital. Cette fille ne pouvait pas – n’avait pas le droit de faire ça. Neio s’était enrôlée dans la Garde pour ne jamais avoir à subir ça, pour remplacer sa personnalité humaine par celle d’un soldat… alors…

Mais il fallait rester calme, une fois de plus. Au fond, même si elles étaient d’un âge similaire, Indil n’était qu’une enfant, et les enfants avaient besoin de contact physique, c’était bien connu. Il ne fallait pas lui en vouloir, et continuer à s’occuper d’elle, toujours en restant calme –


« – hé ! Arrête ça, Indil ! »

Elle courut vers la jeune fille et prit la main qui se tendait vers les liens des chevaux. Elle fit de son mieux pour gratifier Indil d’un regard sévère mais sans méchanceté.

« Il ne faut pas les détacher. Ils appartiennent à la Garde. »

Réflexion, puis elle trouva une formulation qui, elle l’espérait, passerait un peu mieux :

« C’est aussi leur maison. Les cordes sont là pour les empêcher de se perdre dans la ville. Tu voulais voir ma chambre, n’est-ce pas ? Viens avec moi, je vais te la montrer. »

En fait de chambre, il s’agissait plutôt d’une cellule chichement meublée, et seul son grade de sous-officier permettait à Neio d’avoir une chambre séparée plutôt que de résider dans les dortoirs avec les autres soldats féminins. Mais l’idée était de donner à Indil ce qu’elle voulait pour la détourner des chevaux. D’autre part, que Neio le veuille ou non, il était pour le moment de sa responsabilité de surveiller la sauvageonne qu’elle avait ramassée ; il fallait donc l’amener dans sa chambre. Ah oui, et aussi…

« Il faudra que tu prennes un bain », jugea le major en fronçant le nez.
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Indil Erelda
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyVen 28 Mai - 18:05

Indil poussa un glapissement aïgu en entendant Neio hausser la voix, même si ce n’était pas de beaucoup. Ses oreilles étaient sensibles et elle détestait – ou plutôt n’était pas habituée à ce – qu’on lui crie dessus de cette manière. Les ordres et les interdits, très peu pour elle ! La jeune fille s’immobilisa, levant les pattes, rentrant la tête entre ses épaules, et suppliant Neio du regard. Pas gentil de crier comme ça, les animaux sauvages s’enfuient toujours quand on fait ça.

« -Crie pas…. »

Pas crier. Son murmure triste a peine prononcé elle se secoua ses boucles. Elle baissa la tête d’un air boudeur plus que coupable sous le regard de Neio, ses deux mains se refermant autour de celle de Neio qui essayait de la gronder. Pas si facile devant la boule rousse et sauvage qui s’agitait devant elle. Bientôt sa crainte et sa tristesse sembla disparaître au profit de l’indignation. Elle se hissa sur la pointe des pieds, dominant Neio de sa taille, tapant du pied.

« -Personne n’appartient à personne ! Pourquoi vous voulez jamais que les choses soient libres ?! Ils vous ont rien fait ! Vilaine ! Vilaine ! »

La jeune chatte se débattit légèrement, sans relâcher pour autant la même d’idée ( la moindre cohérence avait visiblement du mal à passer jusqu’à son cerveau et à produire des actions logiques entre elles ). Agrippée à la main de la soldate, elle se secouait dans tous les sens, visiblement perturbé, recroquevillée autour de leurs mains. Sans cesser de répéter « vilaine » avec hargne.
Puis aussi rapidement qu’elle s’était amorcée, sa crise sembla s’apaiser et elle redressa enfin la tête de dessous sa tignasse. Ses yeux brillants fixèrent Neio avec une lumière nouvelle, l’espoir revenu.


«- C’est leur maison ? Pourquoi ils se perdraient dans la ville ? On retrouve toujours sa maison quand on a une maison ! »

Elle ne s’était jamais perdue quand elle vivait avec sa mère, elle ! Aussi loin qu’elle puisse s’échapper et courir à toutes pattes, ses coussinets et ses moustaches l’avait toujours ramenée au cours d’eau natal. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour un cheval ou n’importe quel être humain ?

« - T’as pas de corde pour pas te perdre en ville toi ! »

Incompréhension du côté Indilien. Elle pencha légèrement la tête sur le côté pour fixer d’un air abruti Neio, tentant de l’imaginer avec une cordelette autour du cou. Avec une petite clochette de vache en prime. Elle bondit soudain, cherchant à toucher le ruban que la soldate portait autour du cou .

« Ah si ! Corde ! Ta chambre ? Oh oui ! ….Tu vas pas laisser Flèche tout seul ici, hein ? Il va avoir peur sans toi ! Moi j’aurais peur sans toi !»

Indil livra un joli sourire à Neio, ignorant superbement la notion de bain. Dois-je vous rappeller qu’un chat n’aime pas, mais alors pas du tout l’eau ? Et puis pourquoi elle fronçait le nez ? Elle puait pas autant qu’elle, elle puait la sueur et l’acier rouillé ! Elle sentait le moisi et le renfermé ! Surtout qu’elle s’était baigné…il y a pas si longtemps que ça !

Soudain, une nouvelle information parvient enfin dans les limbes de son esprit. Une parole prononcée par Neio quelques instants auparavant, qu’elle n’avait pas encore percutée. Amie ! C’était chouette d’avoir des amis ! Indil sautilla sur place et tendit une paume ouverte et amicale à Neio.


« -Amies ? »
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Kaeshi Neio
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyMer 30 Juin - 19:50

L’enthousiasme hyperactif qui avait animé Indil à la vue des chevaux s’éteignit d’un seul coup pour laisser place à une angoisse désemparée ; un simple couinement implorant s’échappa de ses lèvres. De nouveau prise de cours, Neio faillit regretter la vivacité de sa réaction, mais elle n’en eut pas le temps – Indil changea de nouveau d’attitude et intervertit les rôles en se mettant à morigéner le major. Elle disait que ce n’était pas bien. Qu’il ne fallait pas empêcher les chevaux de bouger. Que Neio était vilaine. Et aussi, avec une logique étrange, que la corde n’était pas utile parce qu’ils reviendraient toujours à leur maison si c’était vraiment leur maison…

Instinctivement, Neio sentit que ce n’était pas la peine d’argumenter avec une telle furie, qui, elle aussi, agissait à l’instinct avant tout. Le calme et la discipline que Neio cherchait à déployer ne lui seraient d’aucun secours. Elle laissa donc passer l’orage puis retira sa main de l’emprise d’Indil avec tout le tact dont elle était capable ; en revanche, elle ne put l’empêcher d’effleurer son ruban. La jeune sauvageonne abordait tous les aspects de la vie avec la curiosité d’un chat devant un pompon et changeait de centre d’intérêt toutes les quatre secondes, l’opposé même du mode de vie strict et concentré que Neio avait adopté ; le seul moyen qu’elle avait trouvé pour conserver sa prise sur la réalité. Et à en juger par les agissements chaotiques d’Indil, elle avait eu raison d’agir ainsi. C’était donc à elle, fière membre de la Garde, de se montrer responsable.


« Ne t’inquiète pas », dit Neio. « Flèche se sent bien ici. Il est avec tous les autres chevaux. Et tu n’as pas à avoir peur : j’ai promis de m’occuper de toi. »

Elle prit la main tendue d’Indil et sourit :

« Oui, je suis ton amie. »

Non sans mal, elle fit sortir Indil des écuries et la mena à travers les corridors de la Garde en évitant au mieux les contacts avec les autres soldats, lesquels ne manquaient pas de hausser un sourcil en voyant ce couple mal assorti déambuler dans leur forteresse. Kaeshi Neio, oui, ils avaient l’habitude de la voir ici, mais l’autre ? A leur façon de détourner vivement le regard, Neio eut l’impression que certains Gardes connaissaient aussi la rousse mais qu’ils préféraient que personne ne le sache, et le dissimulaient donc piètrement. Pendant un instant, le major se demanda comment ils avaient rencontré Indil et pourquoi ils voulaient le cacher ; elle finit par conclure qu’elle préférait ne rien savoir. Elle avait des problèmes plus urgents – des problèmes aux cheveux roux et sales.

« Nous sommes à l’étage des officiers », dit-elle à sa compagne. « Voilà ma chambre. Essaie de ne pas faire trop de bruit ou mes supérieurs ne voudront pas te laisser rester ici. »

Elle ouvrit la porte de la chambre et ajouta :

« Va dans le coin avec le baquet et la brosse. Je vais aller chercher de l’eau pour que tu puisses prendre ton bain. Ne t’inquiète pas, ça ne sera pas long. »
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Indil Erelda
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyLun 12 Juil - 17:03

Indil se sentait comme une gamine de quatre ans à qui son amoureux venait enfin d'accepter de lui donner la main et son goûter devant les autres. Hors de question pour elle de lâcher la main de Neio sans qu'on lui arrache la sienne auparavant. Elle affichait un sourire qui se baladait d'une oreille à l'autre, tout en sautillant à chaque foulée, balançant leurs mains d'avant en arrière d'un air stupide. Quoi ? La réputation de la major Kaeshi Neio au sein de la Garde ? Alors là ! C'était bien quelque chose dont Indil se serait moquée éperduement si elle en avait eu connaissance... Et étant donné qu'elle n'en avait pas la moindre idée, elle pouvait détruire la réputation que Neio s'était donnée tant de mal à construire avec insouciance et efficacité.
Indil se laissait trimbaler par la soldate sans opposer la moindre résistance. Elle ne se mit à réagir que lorsque la jeune fille la déposa devant une nouvelle porte, avec l'injonction de ne pas faire trop de bruit. Par réflexe d'enfant sauvage pas habituée à respecter l'autorité, Indil émit un cri perçant de protestation. Avant même que le regard sévère de Neio puisse répercuter un quelconque jugement dépréciateur sur sa personne la jeune fille lâcha la soldate pour plaquer ses deux mains sur sa bouche, avec l'air d'une enfant qui sait qu'elle a fait une bêtise.


«- Je voulais pas te fâcher! »

Lança-t-elle presque aussitôt, dans un murmure suppliant. Elle ne voulait pas fâcher Neio, c'était vrai. C'était bien trop amusant de rester ici ! Entre plusieurs anciens amants qu'elle avait furtivement croisés, plusieurs amants potentiels, Flèche, toutes ces boite de converse et la pudibonderie à l'état pur qu'était Neio... Il y avait de quoi faire ! Hors de question qu'on la mette dehors avant d'avoir pu s'amuser autant qu'elle le voulait...Et si ça voulait dire obéir à Neio, elle pouvait bien faire un effort ! C'était son amie, non ?

Dans un effort de bonne volonté, Indil obéit donc. Elle acquiesca docilement à la consigne de la blonde. Aller dans le coin du baquet et de la brosse, ça elle pouvait faire. La rousse pénétra dans la chambre et laissa la porte se refermer derrière elle, sans bouger. Et sans bouger elle observa avec sérieux les quatre coins qui s'offraient à elle.

Qu'étaient un baquet et une brosse ? La vouivre alla se camper au milieu de la pièce, la mine concentrée.


«- Baquet. Brosse. Baquet brosse. Baquaisbrosse. Balaisbrosse. C'est moche comme mot! »

Elle tapa une nouvelle fois du pied et se mit à fouiner : Elle jaugea de l'oeil tous les vêtements – un dixième de tout le tissu aurait suffit à l'habiller pour les dix prochaines décennies- sans oser les toucher – des fois que ça soit contagieux -, se coupa plusieurs fois aux différentes armes de Neio, sans sembler sans apercevoir le moins du monde, avant de s'avachir sur le lit de la major. Avant de se relever aussitôt : elle devait prendre un bain.
Un bain ça mouille, c'est de l'eau et ça se prend nu comme elle l'avait appris à ce satané vampire trop habillé. Tout naturellement, Indil déboutonna donc son unique vêtement, sa chère chemise, pour la laisser glisser au sol et l'oublier définitivement. Ne pas contrarier son amie. Vêtue de sa nudité elle alla s'accouder à la fenêtre pour observer tous ces hommes connus et encore inconnus qui s'agitaient au bas du bâtiment, vacant à des occupations qui devaient être ennuyantes. Indil avait envie de crier pour leur dire de lui octroyer un peu d'attention, mais le retour de Neio ne devait plus tarder : autant l'attendre sagement. Ou presque, puisqu'elle repéra un gradé auquel elle avait déjà eu affaire et lui fit de grands signes de main.
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Kaeshi Neio
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyVen 16 Juil - 0:46

En refermant soigneusement la porte derrière elle, Neio savait déjà qu'elle faisait une grosse bêtise. Mais que pouvait-elle faire d’autre ? Il était hors de question de passer toute la journée dans la chambre avec elle sans prendre le moindre bain. De plus, comme Indil n’était pas d’une grande utilité pour lui dire à qui il fallait la rendre, Neio risquait de devoir s’en occuper encore un moment, alors… autant qu’elle soit propre.

Le major se rendit à la pompe, la mine abattue. Dire que la journée avait si bien commencé – elle ressemblait à toutes les précédentes – et qu’elle se retrouvait maintenant empêtrée dans cette situation incroyable… Misère. C’était sans compter que le règlement lui interdisait de ramener des civils dans ses quartiers, un détail qui lui était complètement sorti de l’esprit, tant Indil avait submergé ses capacités de raisonnement. Il faudrait qu’elle avertisse au plus vite un de ses supérieurs de la situation. Mais… plus tard. Pour le moment, elle avait dit à Indil qu’elle reviendrait vite, et malgré elle, elle répugnait à trahir la confiance de sa protégée.

Elle remplit donc deux grands seaux d’eau en soupirant et fit le chemin en sens inverse jusqu’à sa chambre, tout en faisant mentalement des paris sur l’état dans lequel elle allait retrouver Indil. Meubles renversés ? Lit défoncé ? Refus catégorique de se déshabiller pour se laver ? En liberté dans les locaux de la Garde ? Pitié, pas ça…

Retenant son souffle, Neio poussa la porte de l’épaule. Et finalement, non, rien de tout ça : pire. Indil, nue, à la fenêtre, redoublant d’efforts pour se faire remarquer par les gens d’en-bas.

Tout se passa très vite, et pourtant, la fraction de seconde dura une éternité aux yeux de Neio. Elle lâcha les seaux. Ils heurtèrent le sol avec un bruit sourd. Vacillèrent brièvement, puis tombèrent sur le côté. L’eau se répandit partout dans la pièce et les seaux roulèrent dans un coin, abandonnés. Pendant ce temps, Neio bondissait vers Indil. Comme on lui avait appris à le faire pour maîtriser un adversaire sans recourir à la force létale, elle se jeta dans ses jambes et la plaqua au sol. Les deux filles roulèrent dans la flaque d’eau ; Neio se cogna même la tête sur le pied du lit au passage. Et puis, enfin, elles s’immobilisèrent. Neio, un peu sonnée, tenait dans ses bras une Indil qui n’avait pas dû tout comprendre. Elle leva les yeux vers ceux de la rousse et gémit.


« Indil… pardon. Ça va, tu n’as rien ? »

Mais… mais non. Ce n’était pas le problème ! Major Kaeshi, reprenez-vous ! Neio secoua la tête et s’exclama :

« Indil, je ne veux plus que tu fasses ça ! Quand tu es nue, les soldats ne doivent pas te voir ! »

Puis, comme elle commençait à savoir que le ton autoritaire n’avait pas l’effet escompté, elle reprit une voix plus douce pour lui demander :

« C’est d’accord ? »
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyDim 1 Aoû - 19:30

Indil avait enfin reçu l'attention du soldat qu'elle avait reconnu. Celui-ci l'avait regardait durant quelques secondes d'un air interloqué, avant de successivement piquer un fard puis de regarder autour de lui pour voir si quelqu'un avait surpris cet échange. Comme visiblement ce n'était pas le cas il releva la tête vers elle et lui adressa un discret signe de connivence. Elle lui répondit avec son sourire le plus lumineux et s'apprêtait à lui dire de monter en quatrième vitesse quand Neio revint dans la chambre. Les idées les plus farfelues et les plus délicieuses lui venaient en tête depuis qu'elle avait entraperçu l'homme dans la cour, et aucune ne devait plaire à la soldate. Tant pis pour elle, Indil avait bien l'intention de s'amuser et de profiter au maximum de son séjour dans l'enceinte de la Garde... C'était le meilleur endroit pour trouver de bels ou au moins forts hommes, a ce qu'il lui semblait. Et les dieux seuls savent combien on pouvait manquer d'hommes quand on s'appelle Indil !

Pourtant, Neio devait lire dans les pensées et plus précisément dans les siennes pour pouvoir lui gâcher chaque minute d'amusement au moment où cela devenait pile poil intéressant ! Quand elle était chat, avec les chevaux et le pire : maintenant ! Mais cette constatation ne serait possible que quelques instants après qu'Indil ne se soit fait emmêlée les pattes.

La rousse était encore à ses rêveries inoccentes quand quelque chose lui percuta les jambes, la projetant au sol. Elle éclata spontanément de rire, sans se préoccuper de qui pouvait bien être son agresseur. Ce genre de jeu lui était coutumier: jouer, se chamailler, mordre l'oreille de l'autre, faire des roulés boulés, griffer... Elle savait faire et avait même pas mal d'expérience ! Pour quoi d'autre en dehors d'un jeu se jetait on les uns dans les pattes des autres ? C'était un de ses loisirs préférés sous forme féline : soit l'autre trébuchait en râlant, soit c'était le départ d'une partie de jeu endiablée qui la ravissait. La vouivre se mit donc à se débattre gentiement, pour faire plaisir. Néanmoins son adversaire semblait plutôt prendre le jeu au sérieux et elle se retrouva rapidement immobilisée, le dos dans l'eau. Et l'adversaire était Neio. Depuis quand celle-ci voulait bien jouer ? Elle n'en avait pas vraiment eu l'air jusqu'à présent ! Indil était toute chamboulée et désorientée par le comportement de Neio : la soldate s'était métamorphosée trop vite pour elle : à présent elle jouait avec elle et s'excusait d'avoir joué trop violemment... Alors qu'il y a quelques instants il semblait impossible de lui tirer un sourire à cette bégueule ! Et maintenant elle s'inquiétait pour elle et lui demandait pardon ! C'était le monde à l'envers !

Mais le monde se remit presque aussitôt à l'endroit, dès lors que Neio se mit à crier. Tiens, c'était beaucoup plus normal ça ! ... En revanche, ses propos n'avaient pas plus de sens. Indil plissa le front, dubitative:

« -Ben... Quand est-ce qu'ils vont me voir alors ? »

C'était à n'y rien comprendre. Et Indil préférait de loin jouer ! Neio était d'enfin d'humeur joueuse ? Autant en profiter ! La vouivre gigota, se redressa, et finit à califourchon sur la soldate. Comme par hasard aurait on pu dire si la même enfance s'était toujours lu dans les yeux d'Indil. Mais son sourire trahisait un certaine ravissement et plus aucune innocence. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, bien installée sur la major. Après tout, c'était elle qui l'avait prise dans ses bras la première, et une des personnalités d'Indil prenait ça comme une invitation. Des deux laquelle était la plus enfantine ? Laquelle la plus femme ?

« -Tu me vois bien nue toi... »
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Kaeshi Neio
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyDim 8 Aoû - 15:59

« Ils ne te verront pas, Indil ! On ne doit pas se montrer aux gens sans habits. »

Neio se tut et tendit l’oreille, attentive au moindre bruit dans la cour en contrebas. C’était toujours la même rumeur assourdie : les sabots des chevaux sur le pavé, les plates d’armures qui s’entrechoquent, les appels lancés à un camarade. Elle poussa un soupir de soulagement. Personne n’avait dû voir Indil. La crise avait été évitée de peu. Rassurée, Neio se détendit quelque peu.

Ce fut l’occasion pour Indil de contre-attaquer. Elle se mit à se débattre, et Neio, prise de court, lâcha sa prise. Les deux jeunes filles recommencèrent à rouler sur le sol maintenant trempé de la chambre, et quand elles s’immobilisèrent à nouveau, c’était Indil qui se tenait sur Neio, ayant inversé les rôles. La surprise passée, le major voulut protester furieusement, mais quelque chose l’en empêcha, quelque chose dans le regard d’Indil… Elle avait encore changé. L’ordre de Neio mourut dans sa gorge. Elle n’était pas vraiment sûre d’aimer cette nouvelle Indil.


« Ce n’est pas la même chose », répondit-elle faiblement. « Nous sommes toutes les deux des femmes. Nous n’avons pas les mêmes désirs que les hommes lorsqu’ils voient le corps d’une femme nue. »

Et elle en savait quelque chose, si elle devait se fier à ses souvenirs de la dernière fois où un homme l’avait vu nue. C’était ce jour-là qu’elle avait compris combien les hommes pensaient différemment des femmes. Mais pourtant… Indil aussi était une femme. Pourquoi donc Neio ressentait-elle la même chose en la regardant que ce jour lointaine dans la rivière, alors même qu’elle était vêtue et l’autre nue ? Pourquoi se sentait-elle vulnérable face à cette fille sans expérience du combat, et pourquoi le regard étrange qui se posait sur elle, sur son visage et sur sa peau, la mettait-il si mal à l’aise ?

Neio ferma les yeux pour échapper à ce regard horrible, mais elle sentait toujours, avec plus d’acuité encore, la chaleur des mains d’Indil qui la maintenaient en place. Subitement, ce contact lui devint insupportable. Elle ne voulait pas être touchée. Pas par lui… pas par elle. Elle aurait voulu se débattre et renverser Indil, elle savait qu’elle en avait les moyens, mais toute force l’avait quittée. Elle tremblait, elle le sentait et Indil devait le sentir aussi. Si impuissante… En cet instant, elle se haïssait plus que tout au monde.


« Indil », gémit-elle. « Lâche-moi, s’il te plaît. »
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Indil Erelda
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyVen 20 Aoû - 21:55

Adieu la dure et autoritaire vierge de fer ! La métamorphose de Neio était évidente : Indil n'avait plus devant elle qu'une enfant qui certes tenait des raisonnements d'adulte, mais qui restait en pâture au chasseur et qui avait perdu tout son aplomb. La rousse ne savait pas encore si elle devait s'en réjouir ou non : elle était, par nature, chasseresse et son côté prédateur aimait beaucoup se sentir supérieur à ses proies, à les tenir impuissantes entre ses pattes. Mais d'un autre côté, si elles se rendaient avec un air aussi misérable, l'attrait de la chasse était réduit à néant et c'était beaucoup moins intéressant... A l'instant, Neio semblait l'incarnation de l'angoisse et du désespoir.

Indil aurait bien voulu avoir pitié, cela pouvait largement être négociable, mais elle n'avait strictement aucune idée de où pouvait bien se situer le problème. Pour un peu, elle aurait jeté un coup d'oeil par-dessus son épaule pour vérifier qu'aucun monstre ou personnage terrifiant ne se trouvait derrière elles. Elle n'en eu néanmoins pas le temps car Neio reprit la parole, mais d'une voix si ténue qu'Indil pencha la tête sur le côté pour mieux entendre. Toutefois, ce mouvement ne lui permit pas de comprendre plus le sens des paroles de la soldate. Peut-être que Neio était simple d'esprit ou bien complètement folle ? Après tout, c'était bien possible, Simhour ou l'autre ne semblant pas considérer la Garde comme un repaire d'élites intellectuelles ! Et cela expliquerait son angoisse aussi soudaine qu'irraisonnée et ses propos dénués de sens.


« - Excuse-moi, mais vu le nombre de plaques de métal laid et gris que tu portes sur toi, tu pourrais être un homme de carrure assez mince et pas très grand pour un soldat, je ne pourrais y voir que du feu...Mais si je te crois et que tu es une femme... Nous pouvons donc être toutes nues toutes les deux ! »

Indil contempla gentiement la silhouette sous elle.


« -Tu dois avoir ch... »

Sa douceur se coupa d'elle-même dans son élan lorsqu'elle sentit soudainement son appui vaciller. Elle eut quelques secondes de flottement, sans comprendre ce qui lui arrivait. Pourquoi est-ce que le sol tremblait ? Avant de remarquer que elle n'était justement pas installée sur le sol mais sur Neio dont l'armure était secouée de frissons. Elle aurait eu du mal à passer à côté ! Neio tremblait une souris sous le regard du chat, avec une terreur qui lui ôtait toutes ses forces. La souris essayait parfois de se débattre pour sauver sa peau, mais cela n'était le fait des plus inconscientes/courageuses/déterminées/grosses et des moins cardiaques d'entre elles. Et cela en vain la plupart du temps. Neio agissait comme elles, fermant même les yeux pour ne pas voir le massacre auquel elles n'avaient aucune chance d'échapper.

Sauf que si Indil comprenait tout à fait qu'une souris veuille éviter de voir les crocs de son prédateur s'approcher de son museau, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi c'était le cas de Neio. Et voilà maintenant qu'elle la suppliait de la lâcher... Pourtant Indil ne la tenait pas .... Si ?Ah, si. Elle leva les mains avec innocence, sans comprendre. Avant qu'une étrange idée ne lui traverse l'esprit : Neio avait de la fièvre! Luinil en avait eu une fois, après qu'elles aient joué dans le cours d'eau glacé d'une rivière. Ses symptomes avaient été exactement ceux que Neio affichait aujourd'hui : elle refusait qu'on la touche – Indil s'était prise un bon coup de dents ! - tremblait comme une feuille, avait les joues de la même couleur que les cheveux d'Indil, et délirait à qui mieux mieux. Indil avait l'air d'un génie qui vient enfin de comprendre une énigme ardue.


« -Ma pauvre! »

Derechef, elle plaça une main sur le front de Neio avant de l'ôter aussitôt et de l'embrasser vivement à l'endroit que sa paume venait de quitter.

« -Tout va bien se passer ! Par contre il faut que tu enlèves ton métal dégueulasse... Si tu es vraiment autre chose qu'un morceau de métal et que tu es bien une femme ! »

Certaine d'agir dans l'intérêt de Neio, Indil se mit à se battre avec les fermetures compliquées de l'armure. Et à se faire mal au passage, évidemment.


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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptyDim 19 Sep - 22:05

Elle aurait dû le savoir : on n’arrête pas Indil aussi facilement que ça. Les plaintes de Neio n’atténuèrent en rien l’ardeur de la rousse. Au contraire, même, elle sembla redoubler d’enthousiasme dans son harcèlement. Neio ne savait plus quoi dire. Elle voulait juste que tout cela cesse.

Comme elle avait toujours les yeux fermés, elle ne vit pas venir la main curieuse qu’Indil posa sur son front. Elle sursauta et rouvrit les yeux juste à temps pour voir le visage d’Indil s’approcher et lui planter un baiser sur le front.

Neio frissonna à ce contact et poussa un gémissement quand elle entendit Indil déclarer qu’elle allait lui eneever son armure, la dernière barrière qui séparait les deux jeunes filles. Jusqu’où cette satanée sauvageonne s’évertuerait-elle donc à toucher le corps de Neio alors qu’elle ne le supportait pas ? Elle n’osait même pas l’imaginer. Prise de panique, elle voulut surmonter sa paralysie et renverser Indil pour se libérer. Elle savait qu’elle en avait la force, si seulement elle parvenait à se contrôler. Elle se força à calmer sa respiration saccadée. Bien. Elle pouvait maîtriser la situation.

Soudain, un petit bruit fracassa sa détermination renaissante. Le grognement d’une fille qui s’est fait mal. Etonnée, Neio regarda ce qu’Indil était en train de faire. Elle cherchait à défaire les fixations des plaques de métal qui renforçaient l’uniforme de Neio, sans grand succès, et le major remarqua une perle écarlate qui coulait le long de la main d’Indil. Elle avait dû s’écorcher sur le rebord du métal. Pourtant, elle continuait à se battre avec la fermeture. Alors, toute la rage et la panique de Neio s’évanouirent. Elle le voyait maintenant : Indil ne lui voulait aucun mal. Ce n’était qu’une adolescente inoffensive, pure à sa manière, qui ne pouvait comprendre les tourments qui agitaient Neio, et qui réfléchissait par objectifs immédiats : elle pensait que la jeune fille tremblante aux cheveux d’argent était malade, et la seule solution qu’elle avait pour l’aider, c’était de lui enlever son armure.

Neio se sentit légèrement coupable d’avoir ainsi brutalisé Indil. Elle ignorait d’où pouvait bien venir un tel phénomène, mais elle savait au moins qu’il n’y avait nulle intention de nuire dans le comportement d’Indil. Elle eut un faible sourire et posa une main qui avait cessé de trembler sur celle de la rousse, toujours en plein combat avec l’armure.


« Indil, tu saignes. Nettoie ton doigt et laisse-moi faire. »

Joignant le geste à la parole, elle glissa sa main à la place de celle d’Indil et défit aisément la fermeture. Son plastron glissa au sol, où il rendit un faible tintement métallique. Il fut bientôt rejoint par les pièces d’amure qui protégeaient les avant-bras de Neio.

Vêtue maintenant de son seul uniforme, froissé et sali par la sueur du trajet, elle repoussa gentiment Indil et se mit à genoux devant elle. Elle lui sourit.


« Merci, Indil. Je vais bien maintenant. »
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Indil Erelda
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptySam 12 Mar - 0:56

Indil tirait sur tout ce qui lui passait sous les pattes et tant pis si cela avait des bords abruptes et coupants. Néanmoins, Neio finit par céder et par l'aider – voire à le faire elle-même, mais ne vexez pas Indil en le disant trop fort. Cette réaction permettrait d'appuyer la phrase qui faisait la fierté d'Indil « Personne ne me résiste ». Ce qui était plutôt juste, à dire vrai. Même pas une boite de conserve frigide et tremblotante. Lorsque la blondasse apparut enfin en chiffon et en chair, Indil se laissa tomber assise tel un sac de pomme-de-terre, satisfaite, bien que brusquement pensive. Il semblerait, selon toute évidence visuelle, que Neio soit une humaine, avec un corps. Un corps certes camouflé sous tout ce métal dur qui anesthésiait et dérangeait l'odorat fin de la jeune vouivre – odorat délicat, mais pas pour autant outré par sa propre odeur – mais un corps humaine. D'humaine. C'était assez troublant pour elle de voire une jeune fille de son âge, et aussi frêle que cela, derrière tout cet amas immonde.

Indil porta sagement son doigt entaillé à ses lèvres pour réprimer le léger écoulement de sang qui dégringolait le long de ses phalanges. Elle ne quittait pas Neio du retard, concentrée. Oui, Indil pouvait réfléchir, et le faisait même de temps à autre. Avec un petit peu de bave au coin des lèvres. Souvent sur des choses inutiles et futiles, mais elle réfléchissait. Pouvait-on dire que la découverte qui la plongeait à présent dans la perplexité était futile ? Peut-être pas. Allez savoir.

Neio était humaine.
Neio était une fille.

Waou. Indil avait besoin d'un petit instant pour assimiler l'information et mettre son jugement et ses idées à jour. Puis, pour actualiser ses sentiments et créer une réaction. Cet instant se transforma selon son habitude en long moment, jusqu'à s'éterniser. Sans doute la vouivre serait elle restée encore un certain temps amorphe – qui s'en plaindrait ? - si Neio elle-même ne l'avait ramenée à la réalité, à sa féminité et à son corps de chair : « Merci, Indil. Je vais bien maintenant. » Indil cligna des yeux, cherchant à comprendre de quoi lui parler Neio. Avant de se rappeler l'état déplorable dans lequel avait soudainement sombré la jeune femme - puisqu'il fallait lui donner ce statut – sous ses yeux : elle bondit en avant, pour venir enlacer les épaules de la soldate. Après s'être brièvement collée à celle-ci, elle recula légèrement le buste et s'enquit gentiment :


« - Tu es sûre que tu vas bien ? »

Sans attendre de réponse – maintenant qu'elle était retombée sur ses pattes, elle était lancée ! - elle attrapa les mains de Neio et la fit se lever, presque avec tendresse. Indil abordait un grand sourire plein de joie en regardant la soldate : effectivement, elle avait l'air d'aller bien. Et ça, c'était une bonne nouvelle ! Une humaine qui allait bien … cela pouvait devenir une camarade jeu pour Indil !

« -Quand je disais que ton tas de ferraille était moche ! Tu es bien plus jolie comme ça ! »

Derechef, Indil éclata d'un rire joyeux et chercha à entraîner Neio dans une danse, dans une ronde. Dans une ronde qui pourrait subrepticement les amener à s'approcher près de la fenêtre, mais il valait mieux ne pas avertir Neio de cette petite idée qui trotter dans la tête de la rousse comme un hamster enragé et avec trop d'adrénaline dans le sang dans sa petite roue. Elle s'immobilisa en plein mouvement, sans avoir encore trop eu le temps ou l'occasion de la balader. La vouivre plaqua leurs mains jointes – et tant pis si elle devait serrer bien trop fort les mains de la jeune femme pour l'empêcher de s'en aller, comme on serre un petit oiseau dans ses paumes, ou si ses griffes lui éraflaient les doigts, juré, promis, même craché si vous voulez, elle ne faisait pas exprès – sur son coeur – oui, quelque part dans la région de ses seins. Entre les deux en fait. - et contempla Neio avec ses yeux d'enfants :

«- On danse, maintenant que tu peux bouger ? Ou mieux, on va dire coucou aux gens ! »
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Kaeshi Neio
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MessageSujet: Re: Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène !   Prisonnière ou oiseau tombé du nid, Neio l'amène ! EmptySam 26 Mar - 1:46

Il y eut un temps de flottement. Indil suçait son doigt, pensive, et pour une fois, elle ne bougeait pas et ne faisait pas de bruit. C’était tellement surprenant que Neio se demanda si une bête comme ça avait parfois besoin de passer en hibernation pour regonfler ses réserves d’énergie. À peine avait-elle pensé ça, cependant, que la rousse la détrompa en se mettant de nouveau en branle. Elle se pendit au cou de Neio, lui arrachant un petit cri, et la serra contre elle si brièvement que le major n’eut pas le temps de réagir : déjà, Indil s’était éloignée.

Et voilà que ça recommençait. Neio ne put même pas répondre à la question du tourbillon roux. Neio était larguée. Elle regretta que son hypothèse de l’hibernation fût fausse ; elle ne connaissait Indil que depuis peu, mais quelques heures ou même quelques mois sans elle lui feraient un bien fou. Ne s’arrêtait-elle donc jamais ?

Neio se laissa entraîner dans la parodie de danse d’Indil, à moitié pour lui faire plaisir et peut-être ainsi la calmer un peu, à moitié parce qu’elle n’avait pas vraiment le choix. Quelque chose rendait Indil folle de joie et le major était incapable de dire quoi. Ce qu’elle voyait en revanche, et qui faisait gonfler une affreuse appréhension dans sa poitrine, comme une bulle nauséabonde menaçant d’exploser à tout moment, c’était que leur valse improvisée les rapprochait de la fenêtre. Dangereusement. Beaucoup trop dangereusement. Et Indil était toujours vêtue uniquement de sa chevelure de feu et de son effronterie inépuisable.


— Indil, gémit-elle, ne te montre pas comme ça…

C’est ça. Autant essayer de dire au château d’Elladat de se décaler pour ne pas faire trop d’ombre à Kalinach. Il était bien sûr impossible de déchiffrer le mode de pensée d’Indil, mais Neio commençait à y voir des tendances dominantes ; en l’occurrence, qu’elle avait une ouïe très sélective et abattait sans merci tout ordre, question ou conseil qui menaçait de l’empêcher de faire ce qu’elle voulait. La panique de Neio grandit encore quand elle pensa à la tête des officiers qui risquaient de voir la nudité d’Indil par la fenêtre, et encore plus quand elle se dit qu’on ne manquerait pas d’interroger le major Kaeshi sur la présence d’une beauté dévêtue et manifestement encore enfant dans ses quartiers.

Neio sursauta en entendant la proposition d’Indil et lui lança un regard affolé.


— Non ! Je veux dire… On peut danser si tu veux… un peu. Mais pas longtemps, et à condition que tu t’habilles avant. On ne va pas déranger les soldats.

Ce disant, elle essaya d’attirer Indil loin de la fenêtre. Elle s’efforçait de ne pas penser à ses mains prises dans la poigne étonnamment ferme de la jeune fille, aux ongles acérés qui lui éraflaient le dos des mains, au contact chaud de la poitrine et au petit cœur qu’elle sentait battre à toute vitesse d’excitation. Elle concentrait son esprit sur le seul objectif de rhabiller Indil et mettait ce contact à profit – ce contact involontaire, beaucoup trop proche, beaucoup trop troublant – pour la tirer lentement vers la chemise noire en lambeaux qui avait été jetée sans considération sur le sol de la petite chambre. Neio grimaça de douleur mais s’efforça de muer son expression en sourire.

— On jouera autant que tu voudras après.

Si ça continuait, elle allait se transformer en grande sœur.
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