L'autel trône sagement au milieu des ruines de la vieille église. Quiconque s'en approcherait et déciderait de pousser un peu le lourd bloc de pierre, ce qui nécessite une force supérieure à la moyenne humaine, pourrait découvrir une dalle légèrement disjointe de ses compagnes.
La soulevant, et après avoir dissipé le nuage de poussière suffoquant qui a la mauvaise idée de s'envoler alors, on peut apercevoir... pas grand chose, sinon une noirceur impénétrable. Il y a manifestement un grand espace là-dessous, du moins un volume assez important pour mériter le nom de pièce.
Si l'ambiance des ruines n'est pas à proprement parler joyeuse et enjouée, cette découverte est pour sa part franchement inquiétante, et seul l'explorateur téméraire et inconscient décidera de pousser plus avant ses recherches et de poser le pied sur la première des quelques marches qui s'enfoncent dans l'ombre.
En dessous du niveau du sol, l'air est carrément vicié et prend à la gorge. De même, une odeur de renfermé plane dans le souterrain. L'obscurité est ici encore plus oppressante et la claustrophobie latente du curieux a toutes les chances de se réveiller à chaque instant.
Allumons donc une torche, jetons un sort d'illumination, enflammons le bout de ses doigts, selon les compétences. Une fois l'ombre impitoyablement repoussée dans les coins, on peut enfin distinguer la pièce comme il se doit. Elle est plutôt petite. Trois sarcophages de pierre sont alignés contre le mur le plus éloigné, seul élément en relief dans cet environnement plat, et contre les parois de droite et de gauche, d'autres tombes sont visibles, mais sous la forme de dalles de marbre gravées de noms. En s'attardant sur les inscriptions, on comprend qu'elles protègent éternellement les cadavres de prêtres ayant officié dans l'église. Quant à ceux qui ont droit à un sarcophage, il s'agit de grands noms, des héros de leur religion, probablement, dont ne se souviennent aujourd'hui que les livres d'histoire les plus poussiéreux.
Quelques pas dans le caveau. Les pieds craquent en se posant au sol. Il suffit de baisser les yeux pour dissiper la panique qui frappe à la porte de l'esprit : ce ne sont que les ossements de générations de rats ayant vécu et étant morts ici. Preuve de plus que ces rongeurs peuvent s'infiltrer même dans ce que la main de l'homme a le plus hermétiquement scellé. A l'angle des murs, des bosquets de toiles d'araignée, également élément inévitable de toute crypte qui se respecte. Leurs occupantes fuient désespérément le cercle de lumière tremblotante, se terrant dans chaque interstice des murs, escaladant frénétiquement ces derniers.
L'explorateur peut calmer les battements de son coeur. Ce n'est qu'un caveau comme on en trouve sous nombre d'églises. Les morts ne se lèvent pas ; le danger n'est pas présent en ces lieux.
Pourtant, ce mouvement subit, là, à l'extrême limite des zones d'ombre, surveillant le visiteur, semble vouloir clamer le contraire...