Visite nocturne. [ Pv Simhour ]

Lyre , dès la tombée de la nuit avait quitté sa tour dans le but d'aller rendre une petite visite à Simhour.
Elle s'était arrêtée au pied de l'école, avait fermé les yeux..Et avait disparu purement et simplement. Pas question qu'Tristan Belmont curieux la surprenne! Oh bien sûr il pouvait toujours grâce à différentes ruses mais tant pis. Son corbeau qui était resté perché dans le vide s'envola dans le ciel jusqu'a y disparaître totalement...

Usant de son allure par sa race, aérienne elle se dépêcha d'aller jusqu'au repaire du vampire dans le plus grand silence, n'ayant besoin de nulle lumière pour s'éclairer. Arrivée aux ruines elle s'y avança et redevient visible, laissant voir l'habituelle Lyre de Vertus,vêtue d'une robe sombre et d'une cape noire, son corbeau l'ayant rejointe. Jugeant plus sage de ne pas s'avancer plus par crainte de se faire prendre pour ennemi par le gardien des lieux elle resta immobile.

Les ruines étaient calmes, ainsi que se doit de l'être tout endroit éloigné en pleine nuit. Aucune autre âme que la directrice et son corbeau n'était visible aux environs.

Pourtant, quelque chose semblait irréel dans l'enceinte de l'ancienne église. Simple impression inquiétante diffusée par la présence implicite d'un vampire en ces lieux ? Ou, plus vraisemblable, était-ce parce qu'à la lueur étouffée de la lune, l'on pouvait distinguer une étrange brume aux reflets verdâtres qui semblait tournoyer en volutes paresseux autour de l'autel ?

La nuit était sombre en raison du ciel marbré de nuages. L'un d'entre eux, dans sa course inexorable, passa devant l'astre, rendant la nuit encore plus noire et impossible à percer pour des yeux humains standard. Puis le nuage libéra la lune.

Ce fut alors qu'une silhouette, nonchalamment adossée contre un mur à demi effondré, à quelque distance de Lyre, légèrement derrière son épaule gauche, lança un :

"Bouh."

L'ambiance était à la fois sacrée et pesante...Silence, air de la nuit, lieu mystique..C'était magnifique et iréel, c'était bel et bien les mots et la jeune femme respirait tranquillement l'atmosphère , attendant.
Lyre n'avait cillé devant le passage du nuage, ces yeux n'étaient pas plus humains qu'elle ne l'était elle-même et voyait à peu près la nuit, même si en journée ça passait bien moins.Néanmoins elle n'avait vu le vampire arriver et eut un léger sursaut à son annonce avant de se retourner, laissant son corbeau battre des ailes indigné de l'interruption du silence magnifié qui rôdait.
Elle-même applaudit discrètement avec un sourire moqueur aux lèvres.

"Hahaha. Vous avez failli me faire mourir de peur sire. "

Simhour se détacha de son mur et avança de quelques pas vers l'Anshog, pénétrant sous la lumière lunaire. Son visage était serein et ne portait nulle trace de malveillance ; en revanche, ses yeux éternellement brûlants se posaient toujours avec la même vivacité sur tous les nouveaux éléments qui leur étaient donnés à observer - en l'occurence, Lyre de Vertus.

"Oh, pardonnez-moi, chère directrice," commença-t-il. "Si toutefois je mérite votre pardon. Ce n'était qu'une facétie, je n'ai pas pu m'en empêcher... Les belles nuits comme celle-ci me mettent toujours d'excellente humeur."

Le vampire joignit les mains et inclina doucement la tête vers la directrice.

"Mais cette soirée m'est tout particulièrement agréable, quand il m'est donné de recevoir la visite d'un rayon de lune bien plus charmant que la moyenne de ses semblables. Que m'en vaut l'honneur, Dame Lyre ? Pourquoi donc venir poser votre lumière sur un pauvre enfant de la nuit qui n'en demandait pas tant ?"

Il jeta un coup d'oeil à l'autel et se dirigea vers lui d'un pas souple, comme s'il glissait sur le sol. La main fine du vampire se posa sur la pierre froide. Autour de l'autel l'étrange brume avait totalement disparu, en même temps, semblait-il, que Simhour apparaissait.

"Mais je manque à tous mes devoirs, ma chère. Des siècles d'isolement m'on fait oublier les lois de l'hospitalité. Désireriez-vous entrer dans ma modeste demeure ? Quoique j'ai bien peur qu'elle soit légèrement poussiéreuse pour le moment..."

Lyre observa le vampire s'avancer puis jeta un léger regard aux alentours, n'ayant peu l'habitude d'aller aux ruines avant de reposer son regard sur Simhour tout en laissant son interêt et ses oreilles sur les paroles de son hôte. Devant ses excuses elle sourit avec amusement à nouveau et ne pu que répondre:

"Il vaut mieux être de bonne humeur que de mauvaise sire, de plus la nuit mérite d'être joyeusement acceuillie."

Elle-même, par sa race et surtout l'existence qu'elle avait passé sur les routes elle savourait la nuit et son obscurité qui était un abri pour ses yeux de chats. Elle inclina doucement la tête sous les compliments qui lui étaient adressés et son sourire devient plus amical qu'amusé.

"Je crois bien que ma venue est de mauvaise augure au contraire, et que vous auriez souhaiter de rester dans l'obscurité d'une nuit nuit sombre une fois que vous saurez la raison de ma visite.."

Son regard suivit Simhour jusqu'a l'autel avant que ces pas fassent de même, jusqu'a le rejoindre pour observer la dalle de pierre.

"Ainsi vous vous êtes installé dans l'ancien caveau. Choix judicieux j'en conviens. Si cela ne vous importune pas avec plaisir."

Immobile, Simhour fixa Lyre sans ciller, le visage inexpressif, sinon d'une intense concentration, comme s'il tendait toute son attention vers l'Anshog et analysait soigneusement chacune de ses paroles.

"De... mauvais augure ? Je vois... Vous le pensez vraiment, n'est-ce pas ?"

Ses lèvres s'étirèrent de nouveau pour former son éternel et irritant sourire.

"Laissez-moi en juger, ma dame, et nous verrons bien..."

Il posa la main sur le côté de l'autel, et, fixant toujours Lyre, l'air de s'enivrer de chacun des détails de son apparence, le fit pivoter, apparemment sans effort. D'un pied nonchalant, il poussa ensuite la dalle qui dissimulait l'entrée du caveau, puis s'effaça et, d'un geste ample, enjoignit à la directrice d'y pénétrer.

"Après vous, je vous en prie. Comme je vous l'ai dit, ce n'est guère présentable pour le moment, et il est dommage de se priver du spectacle charmant que vous offrez à la lumière de la lune... Mais au moins, nous y seront à l'abri de... je ne sais pas... des oreilles indiscrètes, peut-être ?"

"Oreilles indiscrètes sont bien les mots à employer je le crains."

Sous l'infonction du vampire Lyre descendit prudemment dans le caveau, l'obscurité demeurait trop épaisse pour elle et les marches donnait à l'imprudent visiteur une occasion rêvée de se rompre le coup malgré le nombre réduit.
Gardant méfiance elle fit bien attention à toujours garder à l'oreille le pas du vampire derrière elle, ne voulant en aucun cas se faire enfermer dans la pièce..
Une fois en bas elle se retourna vers son hôte et derrière lui la pâle lueur de la lune qui lui laissait à présent à voir les marches.

Elle respira une petite bouffée de l'air qui était peu respirable mais son don rendit aussi tôt l'air avalé pur avec un arrière goût jusqu'a ce qu'elle se qu'elle s'y habitude auquel cas il le laissait normal.
Lyre laissa ses yeux qui n'était fait que pour le clair-obscur ou la nuit lunaire s'habituer à l'obscurité bien plus épaisse et repris la parole d'un ton nonchalant, cherchant à voir l'endroit.

"J'ai eu la visite d'un jeune homme à mon bureau ce midi.."

Le vampire hocha la tête puis descendit tranquillement à la suite de Lyre et ferma la trappe avec l'autel dessus [] quand elle fut en bas. Il descendit lui-même les escaliers, guidé par des sens qui ne fonctionnaient à leur pleine acuité que quand, comme maintenant, ils étaient plongés dans l'obscurité, et posa le pied sur le sol poussiéreux de la crypte.

Le silence était encore plus complet ici, presque étouffant. Bien que Simhour ne s'y fût installé que depuis peu, on pouvait sentir avec certitude qu'il s'était accaparé l'endroit : on était dans son domaine.

Soudain, l'endroit s'illumina. Les mains de Simhour, posément jointes devant lui, brillaient d'un feu solaire, aveuglant, qui eût ronflé avec force s'il n'avait été d'origine magique. En tout cas, on y voyait à présent comme en plein jour, mais un jour rouge, terrifiant. Simhour était face à Lyre, à une longueur de bras humain. Les flammes rougeoyaient sur son visage. Et il demanda enfin :

"Un jeune homme ? Dites m'en plus."

Lyre avait le regard posé sur Simhour lorsqu'il fit naître un feu, une lumière aveuglante de ses mains et elle ne put retenir un petit cri. Ses pupilles se rétractèrent devant la lumière solaire mais elle les abrita néanmoins de son bras. Elle se tourna pour offrir son dos à la fois au vampire et à la lumière rougeoyante, et rouvrit lentement les yeux. Ca allait mieux, elle voyait toujours la lumière mais elle n'atterrisait pas directement dans ses yeux de chats, sensible à la lumière trop vive.

"Excusez-moi"

Son ton était parfaitement maîtrisé et ne laissait pas montré le léger picotement qu'elle ressentait encore. Elle attendit quelques instants que la sensation se calme et se tourna à demi vers Simhour, pour le voir sans être aveuglée et reprit du même ton.

"Un jeune homme. Il vous cherchait."

En voyant la directrice réagir de la sorte, Simhour croisa les mains derrière le dos et inclina la tête.

"Non, c'est à moi de m'excuser. Je ne me contrôle pas beaucoup, vous savez, j'ai plutôt l'habitude de libérer plus de puissance qu'il n'est nécessaire pour éclairer une petite crypte... enfin..."

Il fixa ses iris rouges sur Lyre. Cette fois, son expression s'était durcie, presque impitoyable.

"Ne tournez pas autour du pot. Il me cherchait ? Un fou. Est-ce tout ce que vous savez sur lui ?"

Devant l'expression durcie du vampire et ces paroles Lyre ressentit un léger agacement mais se contrôla, les cours qu'elle avait donné durant l'année dernière l'avait rendue plus calme. Pourtant elle n'avait aucune envie de se laisser malmenée même en parole par Simhour aussi elle s'avança à la découverte de la crypte, allant jusqu'a une des dalles de marbre abritant un tombeau, passant un doigt pâle sur les fines inscriptions gravées mais emplies de poussière. Elle posa longuement son regard dessus puis doucement laissa errer sa main sur la pierre froide, y cherchant on ne savait quoi. Puis elle releva la tête, jeta un coup d'oeil à Simhour avant de revenir sur le tombeau.

"Cet étrange dieu unique semble chercher à perdurer malgré tout."

Elle eut un petit rire puis s'appuya sur la pierre, tournant le dos à la tombe, mains et dos sur le bord et revient nonchalamment sur le sujet premier.

"Un chasseur de vampire à ce qu'il m'a dit."

Simhour suivit Lyre des yeux tandis qu'elle arpentait la crypte. Elle semblait vouloir jouer avec ses nerfs par des digressions inutiles. Pourquoi donc ? Des nerfs, ils n'en avait plus, enfin, plus en état de fonctionner. Il finit par comprendre que sa propre attitude avait dû l'exaspérer un tant soit peu. Ah, ces mortels. Toujours à se vexer pour un rien. Ne comprenaient-ils - ne comprenait-elle pas que ce n'était qu'apparence, comme tout le reste chez Simhour ? Enfin... Il se força à détendre ses traits et ses paroles tandis qu'il répondait aimablement à Lyre :

"Un dieu qui perdurerait ? Voyons... Vous devriez savoir que les dieux sont tout à la fois éternels et sans existence. Ils ne sont que des noms que les mortels donnent à des croyances, simplement pour se donner une raison de vivre et penser que la mort ne sera pas leur fin."

Sourire large, du type prévu pour exhiber sans ambiguité possible les canines.

"Mais après la mort, il n'y a que les asticots. Ou moi."

Il ramena légèrement ses mains vers l'avant, intensifiant ainsi la lumière qu'elles portaient, et reprit :

"Enfin... Ce n'est pas notre sujet. Un chasseur de vampires, vous dites ? Là, ça devient intéressant... Son nom ? Sa tête ?"

A l'intervention sur les dieux de Simhour Lyre resta perplexe, elle n'avait jamais envisagé la chose ainsi...Les dieux une raison de vivre?Les mortels avaient donc tellement peur de mourir?Elle-même avait vu trop de religions s'élevaient puis s'effondrer, trop de morts autour d'elle sans qu'un dieu quelconque vient leur porter réconfort pour qu'elle croye encore à leurs existences ou du moins à leur utilité.

" Je ne crois pas dans les dieux..Ni à leur paradis prétendu..."

Elle ajouta d'un ton plus bas, pour elle-même.

"Seule la liberté compte.."

Lyre grimaça légèrement devant l'intensification de la lumière mais ne se troubla pas plus, regrettant simplement qu'Isil ne soit pas là, la capricieuse Wethil était parfois utile tout compte fait.
Pourtant la jeune femme releva le regard qu'elle planta dans les yeux rouges de Simhour et repris une attitude plus sérieuse.

"Je ne lui ai pas dit votre cachette aussi je ne vous dirait pas plus son nom ou quoi que soit d'autre."

Simhour parut extrêmement déçu.

"Oh... Mais je vous comprends. Pas de feu, pas de sang. Dommage. Si je ne me complais pas dans la destruction de la vie, ce genre de futiles arrogants qui croient servir une grande cause en détruisant les Enfants du Sang sont en général très amusants à... remettre dans le droit chemin. Bref. Je n'y toucherai pas plus qu'à aucun autre habitant de la cité tant qu'il ne m'attaquera pas. Je vous en ai déjà fait la promesse, dame Lyre."

Il leva une main au niveau de son visage et éteignit brusquement la flamme, réduisant la lumière à un niveau très supportable qui laissa la pénombre revenir s'installer dans les coins, furieuse d'avoir été dérangée.

"Je constate en tout cas que vous n'avez pas sauté sur l'occasion pour vous débarrasser du méchant vampire qui hante la cité... Je suppose que je dois vous en être reconnaissant. Bien que si vous l'aviez envoyé à mes trousses, je n'aurais pu garantir l'état dans lequel vous l'auriez retrouvé."

Il rit doucement.

"Un chasseur de vampires... Allons ! Seul le fouet du clan Belmont pourrait m'inquiéter aujourd'hui, et encore, à condition d'être manié par quelqu'un de plus expérimenté que les petits chevaliers qui le portent aujourd'hui... Mais allons... Vous n'aviez pas l'intention de passer la nuit ici ? Non que ça me déplairait..." ... de nouveau cet infatigable grand sourire... "... mais il serait peut-être temps que je vous rende à votre... liberté. Une chose magnifique en effet, quand on sait l'utiliser."

"Il est armé de ce fouet si cela vous interesse..."

C'était dit d'un ton badin et nonchalant, s'en fichant complètement. Lyre se détacha du bloc de marbre et alla se promener en silence devant les autres tombeaux et les angles de ténèbres...Elle sourit presque malicieuse et enfantine durant un instant, pour elle-même puis se tourna sérieuse et directrice vers le vampire la seconde suivante, posant ses mains sur ses hanches.

"L'endroit est charmant sire, j'en conviens...Mais quant à passer la nuit ici..."

Elle eut soudain une expression de tristesse sur le visage puis se reprit et continua sa phrase.

"Jamais, aussi au plaisir de vous revoir ô méchant vampire pourchassé."

Le visage du vampire se ferma, l'air pensif. Puis il raccrocha son sourire à ses lèvres et écarta les bras.

"Quel hasard ! Ainsi c'est un Belmont ? Peut-être devrais-je me faire du souci. Enfin, je ne vois pas pourquoi il réussirait là où tant d'autres ont échoué. Eh bien... Vous me préviendrez quand vous n'aurez plus l'utilité de ce chasseur, je serai heureux de vous en débarrasser."

Il rit doucement en la voyant poser les mains sur ses hanches.

"Jamais ? Voyons, ma dame. Une créature qui a vécu autant de temps que vous devrait savoir qu'il ne faut jamais dire jamais. On ne sait jamais ce qui pourrait arriver... même dans la seconde à venir."

Et tandis qu'il prononçait ces mots, le feu de sa main se dissipa brutalement. La crypte fut plongée dans l'obscurité la plus noire pendant quelques secondes, au terme desquelles les pâles rayons de la lune y pénétrèrent de nouveau. Simhour se tenait en haut de l'escalier et avait de nouveau déplacé l'autel. Il tendit la main vers l'extérieur et s'inclina, dans l'attitude galante de celui qui livre passage à une dame.

"Au grand plaisir de vous revoir, effectivement, Lyre. Rentrez bien, le bétail a besoin de son berger."

"Les ruines sont désertées , elles ont besoin d'un gardien alors restez dans votre existence et faîtes attention, c'est tout ce que j'aurait à dire."

Elle semblait presque adoucie dans ses propros puis sourit amusée à la seconde réplique du vampire presque riante.

"Je suis donc une créature?Je vous savais...Désabusé et apparence mais à ce point! Quant à jamais, j'ai vécu assez longtemps justement pour savoir que certaines choses ne se reproduiront plus."

Lyre fronça les sourcils devant l'obscurité soudaine mais au moins ses pupilles pouvaient se reposer et eut un sourire apaisé en voyant la lune, durant son bref passage sous terre et malgré l'astre lui avait manqué..Certains appellaient les Anshogs les fils de la lune..Pas pour rien! Elle remonta doucement les escaliers et une fois sortie inclina légèrement le buste en réponse à l'attitude galante de Simhour avec un sourire à la fois moqueur et doux, amusée de tout cela mais ravie en son fort intérieur, bien loin enterré... Elle eut un sourire amusé.

" Douce nuit sire, a bientôt peut-être. Mon bétail à besoin d'une surveillance nocturne."

"Eh bien, nous avons tous quelque chose à défendre. Vous une école et les dizaines d'âmes qui y logent, moi un tas de cailloux et quelques colonies de blattes. Que de similitudes entre nous."

Lorsqu'elle fut sortie, il repoussa lentement l'autel dans sa position initiale, avec un grondement sonore qui retentit pesamment dans l'immensité nocturne. Il garda un moment les yeux fixés sur sa main posée sur l'autel, puis s'assit nonchalemment sur ce dernier, regardant de nouveau Lyre, une expression neutre sur le visage, les lèvres très légèrement arquées.

"Oui, nous sommes tous des créatures. Des créatures qui naissent, se débattent, puis meurent. Pour la plupart, ça s'arrête là ; pour moi, ça continue."

Il éclata de rire.

"Ah ! Evidemment, ce discours, dans la bouche d'un mortel, pourrait le faire passer pour un pauvre désabusé. Mais comment voulez-vous que moi, je le sois ? Vous ne voyez qu'avec vos yeux de mortelle, pauvre Lyre, vous ne semblez pas appréhender mon état. Comment donc pourrais-je être désabusé alors que mon coeur n'est plus qu'un roc logé dans ma poitrine, que mes sentiments ne sont plus que le vague souvenir d'une vie humaine terminée depuis bien longtemps ? Allons. Vous vous trompez à mon sujet. Sachez comprendre que les apparences ne sont pas toujours trompeuses."

Il fit un geste ample vers un large pan de mur effondré, là où s'était autrefois trouvée la porte de l'église.

"Mais je ne vous retiens pas."

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